RENSEIGNEMENTS
Entretien
Entretien avec notre responsable pédagogique paru dans les numéros 37 et 38 d’Altersécurité infos
“Le SST n’est pas seulement un secouriste qui intervient après l’accident, il est aussi un préventeur capable d’éviter qu’il ne survienne”
Altersécurité : a qui s’impose l’obligation de disposer de Sauveteurs secouristes du travail (SST) ?
La plupart des employeurs sont concernés : les entreprises, les collectivités territoriales, les associations, etc. Contrairement à ce que l’on croit les PME sont également concernées. En effet, aux termes de l’article R. 4224-15 du Code du travail, “un membre du personnel reçoit la formation de secouriste nécessaire pour donner les premiers secours en cas d’urgence dans : 1° Chaque atelier où sont accomplis des travaux dangereux ; 2° Chaque chantier employant vingt travailleurs au moins pendant plus de quinze jours où sont réalisés des travaux dangereux.” La dangerosité de l’activité est donc un critère suffisant pour rendre obligatoire la présence d’un SST.
Altersécurité : à quelles sanctions s’expose l’employeur qui ne se soumet pas à cette obligation ?
Le Code du Travail ne prévoit pas de sanction spécifique en cas d’absence de SST. Les sanctions, lorsqu’elles sont prises,le sont en vertu de la violation des obligations de sécurité dont fait partie la présence de SST en nombre suffisant. Bien évidemment l’absence de SST est aussi prise en compte par les juges pour évaluer la responsabilité d’un employeur dans la survenue d’un accident. Il est donc fortement conseillé de disposer de salariés formés au Sauvetage Secourisme du Travail dès lors que l’activité présente un risque pour la sécurité des travailleurs.
Altersécurité : tous les salariés peuvent-ils être formés ?
Oui, toutes les personnes travaillant dans une entité peuvent bénéficier de cette formation, y compris celles titulaires d’un contrat préprofessionnel. Cependant, le choix des personnes qui bénéficieront de la formation répondra aussi à la nécessité de bien répartir les SST dans l’entreprise. L’objectif est bien sûr qu’il y ait toujours un SST, là où il y a des risques. Ainsi, dans une entreprise comprenant deux ateliers relativement éloignés, il faut disposer d’un SST dans chacun d’entre eux. Enfin, il est préférable que le salarié formé soit motivé, donc volontaire plutôt que désigné.
Altersécurité : qui peut délivrer les formations SST ?
Les SST sont formés par des Formateurs en Sauvetage Secourisme du Travail titulaires d’un certificat délivré par l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), la CNAM et divers autres organismes conventionnés. Le programme de la formation délivrée aux futurs SST, a été établi par l’INRS. C’est une formation rigoureuse qui permet vraiment de faire face à la plupart des situations susceptibles de se produire en milieu professionnel.
Altersécurité : les SST doivent-ils suivre des remises à niveau ?
Oui, le SST doit faire un recyclage dans l’année qui suit l’obtention de son certificat, puis tous les deux ans. À défaut de respecter ces délais, il devra reprendre intégralement la formation pour redevenir SST.
Altersécurité : qu’apprend-on lors de la formation ? Quel est son contenu ?
La formation s’articule autour de cinq concepts clés : protéger, prévenir, examiner, alerter, informer et bien sûr secourir. Elle illustre l’étendue du rôle des Sauveteurs Secouristes du Travail (SST). En effet, contrairement à ce que l’on croit trop souvent, le rôle du SST ne se borne pas à intervenir après l’accident. Il doit aussi être capable de prévenir les risques et d’articuler son action avec les autres acteurs de la prévention en entreprise. La formation doit notamment pouvoir appréhender les concepts de danger, de situation dangereuse, de phénomène dangereux, de dommage, de risque… Le tout dans le but de faire disparaître les causes d’accident grâce à des mesures de protection ou de prévention appropriées. Parce que mieux vaut prévenir que secourir ! L’expérience prouve que la présence d’un SST permet de réduire considérablement les comportements à risque parmi les membres d’une équipe.
Altersécurité : pour autant, la formation prépare-t-elle aussi les SST à intervenir efficacement lorsque survient un accident ?
Oui, bien évidemment ! Le SST reste quand même un secouriste, c’est-à-dire une personne capable de secourir ! Les compétences acquises couvrent la quasi-totalité des dommages corporels que l’on peut rencontrer au travail. À l’issue de la formation, le stagiaire doit notamment savoir comment secourir une victime qui présente une plaie qui saigne abondamment, une obstruction totale ou partielle des voies aériennes. Il doit également être capable de réagir face à un malaise, à une brûlure thermique, chimique, électrique, interne par inhalation ou ingestion de produit corrosif ou irritant. Je pourrais aussi poursuivre en évoquant les traumatismes du dos, du cou, de la tête, ou d’un membre, ainsi que le sectionnement d’un membre. De même, il doit savoir agir face à une victime inconsciente que celle-ci respire ou non.
Altersécurité : est-il réaliste d’acquérir autant de compétences au cours d’un seul stage ?
Oui, car il ne faut pas se méprendre. Le secouriste n’est pas un médecin. Il ne soigne pas. Il prévient les complications immédiates des lésions corporelles résultant de l’accident, mais il n’en répare pas les conséquences. La formation prend en compte cette dimension. Le SST doit être capable de reconnaître les risques persistants éventuels qui menacent la victime de l’accident ou son environnement. Il a également appris à supprimer ou isoler le danger, et à soustraire la victime de la zone dangereuse sans s’exposer lui-même. Enfin, il sait comment alerter ou faire alerter en fonction de l’organisation des secours dans l’entreprise.
Altersécurité : concrètement, comment se déroulent les formations ?
La formation se déroule sur 14 heures réparties sur 2 jours. Elle est essentiellement pratique, les explications du programme sont données pendant et à l’occasion de l’apprentissage des gestes au cours de mises en scène.
Altersécurité : la formation est-t-elle sanctionnée par un examen ?
Il n’y a pas d’examen final mais une évaluation continue. À l’issue de cette évaluation, un Certificat de Sauveteur Secouriste du Travail est délivré au candidat qui a participé à l’ensemble de la formation et fait l’objet d’une évaluation favorable.
Altersécurité : vous arrive-t-il de ne pas délivrer de certificat ?
C’est très rare. Il faut vraiment que le candidat ait refusé de participer aux exercices ou ait été absent une partie de la formation.
Altersécurité : quel est le ressenti des candidats sur les formations ? En sortent-ils transformés, plus sensibilisés aux risques ?
Leur ressenti est excellent. Certains candidats sont fiers de surmonter l’appréhension qu’ils avaient face à une victime qui saigne ou de manière plus générale face à un accident. Ils en sortent plus sûrs d’eux, plus confiants. Enfin, ils portent bien évidemment un nouveau regard sur les risques. Ils sont plus sensibilisés et aussi plus proactifs. Ils comprennent bien que les connaissances acquises leur permettent de prévenir les accidents. C’est d’autant plus vrai que, conformément aux souhaits exprimés par les institutions, la formation que nous délivrons est très axée sur l’aspect prévention.
Trop d’entreprises ignorent encore que la loi leur fait l’obligation de disposer...
Trop d’entreprises ignorent encore que la loi leur fait l’obligation de disposer, dans leur personnel, d’un sauveteur secouriste.
Une obligation trop souvent ignorée
C’est le constat que font les intervenants de Point Or Sécurité lorsqu’ils se rendent en entreprise pour assister les employeurs et les salariés à réaliser leur document unique de prévention des risques professionnels. Le plus souvent, cette situation ne résulte pas d’une quelconque mauvaise volonté, mais d’une ignorance des obligations légales et surtout des bienfaits qui résultent de la présence d’un SST parmi les salariés. Or l’expérience prouve que les SST sont hautement bénéfiques à leur entreprise.
Le SST est d’abord un sauveteur
Le premier bienfait du SST est évident. Comme le stipule la circulaire 53/2007 qui lui est consacrée, il s’agit de “disposer, dans tous les établissements et sur les chantiers, d’hommes et de femmes en nombre adapté et bien répartis, capables d’intervenir immédiatement et efficacement après tout accident”. Arrêter ou limiter une hémorragie dans l’attente de secours, détecter à temps un coup de chaleur, ou tout simplement savoir comment prévenir les secours… En maintes circonstances, ces compétences pas si difficiles à acquérir ont permis de sauver des vies ou de réduire les conséquences d’un accident.
Le SST est aussi un préventeur
Mais le SST n’est pas seulement un sauveteur intervenant lorsque l’accident est survenu. Il contribue aussi de plusieurs manières à la prévention des risques. Comme le souligne encore la circulaire 53/2007, “les sujets développés lors de la formation à la prévention des risques professionnels rendent le SST plus conscient des conséquences de l’accident, plus motivé à adopter un comportement préventif et font ainsi progresser la prévention dans son entreprise. Le SST devient ainsi un précieux auxiliaire de prévention capable, non seulement d’apporter son concours à la rédaction du document unique concernant l’évaluation des risques, mais également de faire remonter les informations nécessaires à son actualisation”.
Diffusion d’une culture de la sécurité
Sur le terrain, les intervenants de Point Org Sécurité ont pu vérifier combien cela était exact : les salariés formés au Sauvetage secourisme du travail sont plus avisés des risques, plus conscients des conséquences dramatiques que peuvent avoir les manquements aux règles de sécurité, plus proactifs dans leur façon d’évaluer les conséquences potentielles de telle ou telle situation de travail en terme de sécurité. Ils sont donc, pour les professionnels de la prévention, des interlocuteurs privilégiés qu’il convient de consulter lors des entretiens préalables à l’élaboration du document unique d’évaluation des risques professionnels.
Plus globalement encore, ils contribuent à la diffusion dans l’entreprise d’une culture de la sécurité. Il est notamment frappant de constater combien la présence d’un SST contribue à mieux faire adopter les règles de sécurité édictée par l’entreprise dans un groupe de travail. Cet aspect n’est pas le moindre. En effet, la sécurité ne saurait résulter seulement de règles et de procédures. Elle est aussi un état d’esprit dont les sauveteurs secouristes sont les agents efficaces.